Mali – Mohamed Ag Albachar, porte-parole du MSA-D : « Nous souhaitons que la transition puisse vraiment mettre le volet sécuritaire comme une des priorités. S’il faut une relecture de l’accord, nous pouvons nous asseoir discuter avec le nouveau gouvernement pour pouvoir savoir où est-ce que nous allons y aller «

Sahel-Elite – Bamako

30/09/2020 – Né à Tombouctou en 1985 Mohamed Ag Albachar est le chargé de communication et porte-parole du Mouvement pour le Salut de l’Azawad Daousshak (MSA-D). Le MSA est membre de la Plateforme des Mouvements du 14 juin engagés dans le processus de paix au Mali.

Le samedi 26 septembre 2020 Mohamed Ag Albachar a accordé un entretien à Sahel-Elite. Avec lui, nous avons parlé de la situation sécuritaire générale de la zone d’intervention de leur mouvement, des terroristes qui sévissent dans la zone et de la situation sociopolitique au Mali.

Sahel-Elite : De votre point de vue, quelle est la situation sécuritaire générale de votre zone d’intervention (Gao-Ménaka) qui est, aujourd’hui en proie à des rivalités entre groupes terroristes ?

Mohamed Ag Albachar : En effet, la zone d’action du MSA est principalement la région de Gao et la partie de la région de Ménaka qui fait frontière avec le Niger, donc dans toute la zone du Liptako et un peu le Gourma. La situation sécuritaire est vraiment assez déplorable ces derniers temps à cause de la multiplication des attaques terroristes contre des populations civiles et contre des camps de militaires. Notamment l’attaque contre le camp de Indelimane dans la région de Ménaka qui, après avoir été complètement décimé et a été abandonné. C’est une situation vraiment très critique que nous vivons aujourd’hui dans ces deux régions là. Ce qu’il faut savoir c’est que cette zone a toujours été une base pour l’EIGS (Etat Islamique dans le Grand Sahara). Il a une facilité de recrutement dans la zone. Comme on le dit, c’est la zone du Liptako frontalière avec le Niger.

Les communautés qui y vivent sont dépourvues de moyens et constituent un véritable vivier de recrutement pour ces groupes. C’est ce qui fait que l’EIGS est en force dans ladite zone. Ce qui explique aussi cette guerre d’hégémonie dans la zone entre eux et le GSIM (Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans), en arabe JNIM (Jamaat Nusrat al-islam wal-Muslimin). Vous n’êtes pas aussi sans savoir qu’ils ont des intérêts économiques dans la zone. Ils font payer les populations ce qu’ils appellent la « Zakaat ». Ils contrôlent aussi les foires hebdomadaires.

Sahel-Elite : Récemment nous avons vu des images de combats entre le JNIM et l’EIGS à Tallataye, dans la région de Gao. Pourriez-vous nous en dire plus et aussi est-ce qu’un groupe armé tel que le vôtre est-il attaqué par les terroristes ?

 M. A. Albachar: Le MSA a eu en réalité depuis 2018-2019 à combattre l’EIGS aux côtés du GATIA et des Forces Armées maliennes (FAMA) dans la zone du Liptako-Gourma. Nous les avons combattus et jusqu’à présent on peut dire que les groupes armés que nous sommes, ne sont pas épargnés. Les affrontements de ces derniers temps se déroulent principalement entre l’EIGS et le JNIM. Ces deux groupes sont actuellement en conflit, certainement pour des rapports de force et de contrôle de la zone. C’est ce qui s’est passé à Tallataye où il y a eu ces derniers affrontements. Malheureusement de part et d’autre il y a des fils de ces zones qui ont été embrigadés dans ces groupes extrémistes. Ils font partie de ceux qui meurent. D’autres ont été recrutés de force parce que n’ont pas le choix. A la place de l’armée nationale ils sont obligés de prendre les armes pour protéger leurs populations. Ils rejoignent donc ces groupes pour la protection de leurs tribus ou fractions. C’est pourquoi souvent dans ces affrontements, il y a des innocents qui meurent malgré eux.

Sahel-Elite : Après plusieurs mois de crises sociopolitiques le Mali semble voir de jours meilleurs avec l’investiture du Président de la transition. Quel est le sentiment qui vous anime ?

 M. Ag Albachar : Nous souhaitons que tous les maliens accompagnent dans cette transition. Nous allons être optimistes parce que quand le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) est venu faire partir le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) ils ont appelé l’ensemble des maliens à discuter lors des concertations nationales. Ce qui a permis d’élaborer une charte de la transition consensuelle que tout le monde a acceptée. Bien sûr, il y a toujours des gens qui ont dit non, ce qui est normal. Cependant nous accordons notre confiance aux nouvelles autorités et espérons qu’ils vont au moins poser les jalons permettant au futur gouvernement qui sera élu de pouvoir bien travailler. Nous souhaitons que la transition puisse vraiment mettre le volet sécuritaire comme une des priorités, du moins jeter les bases pour que nous pouvions avoir une armée reconstituée pour faire face à cette crise sécuritaire. Également permettre, pas immédiatement, mais plus tard d’appeler les mouvements signataires pour discuter de ce qui est faisable dans l’accord. S’il faut une relecture parce que comme vous le savez il y a des contradictions. Ces contradictions, nous pouvons nous asseoir discuter avec le nouveau gouvernement pour pouvoir savoir où est-ce que nous allons y aller. Et il y a également la révision de la Constitution qui est un volet important dans l’application de l’accord… cette révision de la Constitution elle doit également se faire. Et nous espérons que cette transition va en jeter les bases. Mais il ne faut pas que cette révision se fasse au détriment de l’unité nationale. Ça il faut que ça soit clair. Nous espérons que cela se fera bien et nous allons les accompagner comme il se doit, avec nos moyens et nos prières. Merci.

© Sahel-Elite (Bamako-Mali) | Auteurs : Maria Crespo / Kanfari Sonni Annass  Photo : ©Sahel-Elite – Maria Crespo : Mohamed Ag Albachar, porte-parole du MSA-D ce dernier 26 septembre à Bamako.

Mali -Communiqué conjoint GATIA-MSA : Attaque contre une de leur patrouilles de sécurisation dans la zone d’Ansongo (18/02)

COMMUNIQUÉ CONJOINT GATIA-MSA
Le groupe d’Autodéfense Touarèg Imghad et Alliés (GATIA) et le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) portent à la connaissance de l’opinion nationale et internationale que le samedi le 18 /02/ 2018 une de leur patrouilles de sécurisation sillonnant la zone entre Ansongo, Tamkoutate et Talataye dans la région de Gao est tombée sur une base des malfrats sévissant dans la zone. Ces bandits sans foi ni loi, sont les auteurs des attaques sur les populations civils Imghad à Tamkoutate, Anchawadj et Idaksahak à Inwelane.
Les affrontements qui se sont déroulés plus précisément à Intameda à l’ouest de Tamkoutate ont duré plusieurs heures au bout desquelles les malfrats ont été défaits et leurs base détruite.
Le bilan de l’affrontement est le suivant :
– Une dizaine de morts côtés malfrats
– Six (6) véhicules récupérés parmi lesquels celle du marabout Tidjit AG Arahmat  assassiné dans l’attaque d’Inwelane, mais aussi celle d’un notable de Tin Hamma
– Des armes lourdes récupérées
– Des motos et une quantité importante de minutions saisies
– Coté GATIA MSA deux blessés légers
Les matériels roulants récupérés prouvent que les actes criminels de ces bandits n’épargnent aucune communauté
Le GATIA et le MSA sont plus que jamais déterminés à continuer leur missions de sécurisation et de protection des personnes et de leurs biens sans distinction
Le GATIA et le MSA appellent le gouvernement Malien et la communauté internationale à prendre leurs responsabilités pour trouver des solutions aux problèmes sécuritaires actuels que vivent nos populations.
Gao, le 18 Février 2018
Pour le GATIA: Amara Ag Hamdouna                          Por le MSA: Mohamed Ag Albachar